Recherche

Gâteau aux carottes

Et oui, je sais, je n’ai pas dit “Carrot Cake” !
Why ? Et bien Because (avec un grand B)

L’explication en quelques phrases :

Tout simplement parce que le gâteau aux carottes (en suisse allemand Rüeblitorte) est une spécialité suisse originaire du canton d’Argovie. Et oui mes bons amis, contrairement à ce que tout le monde pense, ce n’est pas un gâteau originaire des États-Unis “tartiné” au Philadelphia enfin … si aux États-Unis il est “tartiné” mais ça, c’est une autre histoire !
Il est donc, effectivement, connu dans le monde anglo-saxon, comme carrot cake et il est même célébré chaque 3 février, à l’occasion du National Carrot Cake Day mais ses origines sont d’ailleurs !! (minute chauvine)

Un peu d’histoire …

Selon un boulanger argovien, la production commerciale du gâteau aux carottes date des années 1940/1950. Jusqu’à la deuxième guerre mondiale, il était essentiellement préparé dans les cuisines privées. Les recettes anciennes se trouvent surtout dans des livres de cuisine destinés aux non-professionnels. En gros c’était le gâteau des familles !

L’une des recettes imprimées, sans doute parmi les plus anciennes, remonte à 1892 ; elle figure dans un recueil culinaire de l’école ménagère de Kaiseraugst (AG). La recette du « Gelbrüblitorte » (gâteau aux carottes jaunes), ainsi qu’il est nommé dans cet ouvrage, est (comment dire) “assez riche”. Pour 500 grammes de carottes, de sucre, de noisettes ou d’amandes, et huit œufs, celle-ci ne contient que 100 grammes de farine et 10 grammes de poudre à lever, ainsi que le jus et le zeste d’un citron (c’est pour apporter un peu de liquide quoi, comme ça sur un malentendu). Dans cette recette, le blanc d’œuf est monté séparément en neige ferme, puis délicatement ajouté au mélange des autres ingrédients. Et une fois terminé, le gâteau est couvert d’un glaçage au rhum (mon copain, vous voyez que le Philadelphia ne sert à rien !). En gros cela nous donne un gros “ET ZBING” côté balance !

Le manuel d’économie ménagère Gritli in der Küche, paru pour la première fois en 1904 et considéré pendant longtemps comme un classique de l’économie domestique en Suisse alémanique, comporte également une recette de gâteau aux carottes, intitulé cette fois « Aargauertorte » (gâteau argovien). Dans une édition ultérieure de 1917, le même gâteau sera désigné comme « Aargauer- oder Rüblitorte ». Il semble donc que l’appellation « Aargauer Rüblitorte » soit apparue dans ces années-là.

Pourquoi les artisans boulangers et pâtissiers ont-ils intégré ce gâteau à leur assortiment ? Un coup d’œil dans la revue professionnelle de l’Association suisse des patrons boulangers-confiseurs offre une réponse possible. Dans un numéro de 1948, il est écrit que les connaissances de la population en matière de calories et de vitamines ont progressé durant la première moitié du XXe siècle. La Seconde Guerre mondiale et la politique alimentaire de l’État ont fortement marqué le comportement alimentaire et avec la fin du rationnement en juillet 1948, qui rend à nouveau tous les aliments accessibles, le besoin de se faire plaisir en cuisine tout en mangeant sainement est grandissant. Pour les professionnels un problème se pose car le souci d’une alimentation saine pourrait conduire la clientèle à se rendre davantage dans les magasins diététiques que dans les boulangeries. C’est pourquoi, à cette époque, Il est recommandé aux boulangers de produire davantage de pâtisseries “saines”, en utilisant notamment des baies, des fruits, mais aussi des légumes … et en particulier la carotte. Selon l’auteur de l’article, cette dernière est en effet idéale, car riche en vitamines et en sels minéraux.

Mais les pronostics de l’auteur se sont révélés faux : après la pénurie de la guerre, la majorité des consommateurs avaient surtout envie de farine blanche et de sucre, plutôt que d’aliments riches en fibres (vive le sucre et vive le gras ! Na). Quant aux principaux concurrents des boulangers, il ne s’agissait pas des magasins diététiques mais des grands distributeurs.
Néanmoins, le gâteau aux carottes s’est imposé comme un produit standard chez les boulangers et cela même si, à l’époque, les pâtisseries à la carotte ne constituaient pas une nouveauté.
Pourquoi ? Tout simplement parce que l’auteur de l’article cité ci-dessus conseillait également aux boulangers d’offrir un produit plus fin que celui qui figurait dans les livres de recettes traditionnelles. Je cite : « Toutefois, (les gâteaux aux carottes préparés par les ménagères) sont en général si lourds (le fameux “ET ZBING”) qu’ils ne sont pas particulièrement bons pour la santé, en dépit des bonnes intentions (genre …). Même pour ces gâteaux, le professionnel se doit donc d’offrir un meilleur produit à la ménagère (c’est certain, on n’est pas douées …merci monsieur de nous aider). En effet, une adaptation des recettes permet d’obtenir une pâte nettement plus légère. ». C’est ainsi qu’une recette plus “light” fit son apparition et qu’à ce jour, celle-ci remporte toujours un vif succès ! (surtout avec un glaçage au rhum …)

C’est bon vous savez tout … (merci au Patrimoine culinaire Suisse).


Ingrédients

  • 150 g de farine de riz complet
  • 50 g de farine de coco
  • 100 g de maïzena
  • 1 grosse cuillère à café de psyllium
  • 15 cl d’huile
  • 225 g de sucre
  • 500 g de carottes râpées
  • 4 œufs
  • 150 g de noix, noisettes et amandes hachées
  • 1/2 c à c de sel
  • 1/2 sachet de levure chimique (poudre à lever ou poudre levante en fonction de vos origines)
  • 1 c à c de cannelle en poudre
  • 1/2 c à c de gingembre en poudre
  • 1 cuillère à café de vanille liquide ou de pâte de vanille (ce n’est pas obligatoire mais je préfère avec …)


Préparation

  1. Préchauffer votre four à 180°C.
  2. Dans un grand saladier (vous allez voir que 500 g de carottes, cela prend un peu de place), battre énergiquement les œufs entiers avec le sucre. Quand le mélange commence à blanchir, ajouter l’huile, petit à petit et bien mélanger jusqu’à obtenir un mélange homogène (1CHF – Cagnotte 2022 !).
  3. Incorporer ensuite les carottes râpées et mélanger à nouveau (vous voyez que ça prend de la place, personne ne m’écoute !).
  4. Une fois que votre préparation est bien mélanger, ajouter les farines et fécules, les épices, la levure, le sel, la vanille et puis le mélange de noix. On mélange une dernière fois (si si c’est la dernière !).
  5. Verser la préparation dans un moule beurré et enfourner.
  6. Laisser cuire 45 minutes environ (en fonction de la taille de votre moule la cuisson peu prendre 1h à 1h10, par exemple : si vous choisissez un moule petit et haut, afin d’obtenir un gâteau épais, il faudra plus de 45 minutes de cuisson).
  7. Quand votre gâteau est démoulé et bien froid, il est possible de préparer un glaçage royal à base de rhum (on remplace le jus de citron par le rhum, c’est très très simple .. et très très bon quand on aime le rhum), je vous le conseille, c’est pas mauvais …c’est même plutôt bon en fait !

Si vous avez droit au lait animal …
Vous pouvez réaliser un glaçage Made in USA

  • 100g de fromage frais (type Philadelphia, le fameux)
  • 50g de sucre glace
  • 15g de beurre ramolli
  1. Dans un grand bol, battre le fromage frais avec le sucre glace et le beurre bien ramolli.  Le mélange ne doit pas être trop liquide si c’est le cas, rajouter du sucre glace.
  2. Une fois cuit, laisser refroidir le gâteau, puis le démouler. Poser le glaçage sur le gâteau. Cette opération peut être faite en plusieurs fois, en attendant que le glaçage prenne légèrement entre chaque couche.
  3. Dire “Goodbey” à votre balance ….

Bon lundi à toutes et à tous !