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Les petites madeleines de Proust …

Connaissez-vous cette expression ” c’est ma madeleine de Proust” ?

Proust n’avait pas spécialement la réputation de faire de bons petits gâteaux et pourtant, la madeleine de Proust est bien plus célèbre que la madeleine de Commercy.
Et il n’y a pas non plus de lien avec une nounou, connaissance, amante ou épouse de l’auteur qui se serait appelée Madeleine. Cette expression fait tout simplement allusion à ces petits actes, petits évènements, odeurs, ces sensations qui, brutalement, font ressurgir des tréfonds de notre mémoire de lointains souvenirs, souvent chargés d’émotion et d’une certaine nostalgie.
Et si on les affuble de l’appellation madeleine de Proust, c’est parce que, dans “Du côté de chez Swann”, le premier tome de “À la recherche du temps perdu”, l’auteur évoque une telle remontée de souvenirs.
Alors que, pour le réchauffer, sa mère lui fait boire du thé et manger une madeleine, le goût de celle-ci trempée dans le thé, provoque en lui une sensation intense qui, après une remise en ordre de ses souvenirs, le fera remonter à une époque ancienne où, lorsqu’il vivait à Combray, sa tante Léonie lui faisait goûter un morceau de madeleine trempé dans son infusion, voici l’extrait :

« Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu. Ce goût c’était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin, à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l’heure de la messe), quand j’allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m’offrait après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m’avait rien rappelé avant que je n’y eusse goûté ; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d’autres plus récents ; peut-être parce que de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s’était désagrégé ; les formes – et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel, sous son plissage sévère et dévot – s’étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force d’expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir.»

Si Victor Hugo avait évoqué avec autant d’intensité le baba au rhum, Voltaire le clafoutis ou Molière le pet de nonne, peut-être n’aurait on pas fait attention à la madeleine de Marcel ? Mais je ne suis pas certaine que “le pet de nonne de Molière” se serait aussi bien imposé dans notre langage !


Ingrédients

  • 3 œufs
  • 120 g farine de riz
  • 30 g de farine de châtaigne
  • 25 g fécule de mais
  • 20 g miel
  • 100 g sucre
  • 5 g poudre à lever
  • 125 g beurre végétal en pommade
  • les zestes d’un citron bio, non traité


Préparation

  1. Fouetter les œufs avec le sucre et le miel pendant quelques minutes jusqu’à ce que le mélange blanchisse.
  2. Ajouter au mélange : la farine, la fécule, la poudre à lever et le beurre pommade et fouetter le tout jusqu’à ce que le beurre soit complètement incorporé à la préparation.
  3. Ajouter les zestes de citron, mélanger de nouveau.
  4. Laisser reposer votre pâte durant au moins 2h au réfrigérateur (en cas de “faim de Madeleine” à combler rapidement on peut laisser le tout au congélateur 30 minutes maximum car la glace de pâte à Madeleine c’est vraiment pas terrible … ).
  5. Préchauffer votre four à 240°C.
  6. Garnir les empreintes du moule et respecter les étapes de cuisson décrites ci-dessous :
    Enfourner votre moule dans un four à 240°C degrés pendant 1 minute puis baisser la température à 210°C degrés pendant 4 minutes et enfin finir la cuisson à 180°C pendant 4 minutes.
  7. Laisser tiédir légèrement avant de démouler.

Astuces

Pour obtenir une madeleine à « bosse » :
Laisser reposer au frigo minimum 2 heures ( pour certains chefs c’est même, idéalement, une nuit) ou au congélateur 20/30 minutes puis il vous faudra enfourner votre moule dans un four à 240°C degrés pendant 1 minute puis baisser la température à 210°C degrés pendant 4 minutes et enfin finir la cuisson à 180°C pendant 4 minutes.
C’est ce « choc » de température qui va créer cette fameuse petite bosse.


Pour un démoulage “optimal” de la madeleine :

Je vais être franche avec vous, si vous souhaitez obtenir de jolies madeleines : rien ne vaudra le moule en fer de nos mamans ! En gros, avec les moules en silicone, c’est parfois compliqué. Pour ma part si je n’ai pas d’autre choix que de travailler avec un moule en silicone, je beurre les empreintes et je les saupoudre de farine à chaque fournée
et je prie très fort “Sainte Marthe de la madeleine qui va pas coller au moule” HUG !


Bon weekend à toutes et à tous !